Le 18 mars 1871, l'insurrection de la Commune parisienne débute. Le 22 mars 1871, la nouvelle arrive à Marseille des menaces d'Adolphe Thiers, nouveau chef du gouvernement, de désarmer Paris.
Le jour même, Crémieux prend la tête de la seconde Commune de Marseille avec le journaliste Clovis Hugues et les futurs députés Émile Bouchet et Maurice Rouvier.
Cette insurrection clame son soutien à la Commune de Paris et affirme du même élan, la volonté d’une politique régionale indépendante de la capitale.
Vers une guerre civile ?
Dans la soirée du 23 mars, le nouveau préfet l'amiral Paul Cosnier et le général Espivent ordonnent à la Garde Nationale de se rassembler le lendemain en faveur de Versailles, le maire Jacques-Thomas Bory tente de les en dissuader ; leur appel reste sans effet. Le défilé des gardes nationaux, sur le cours Belsunce, dégénère en manifestation où la population marche côte à côte avec ces derniers.
La foule prend la préfecture d'assaut, Crémieux marche avec, à ses côtés, le jeune Clovis Hugues. Le journaliste de 20 ans brandit le drapeau rouge de la république sociale et devient son bras droit.
Commencée ce 23 mars, la Commune de Marseille va durer jusqu'au 4 avril.
Le Préfet est fait prisonnier, le maire démissionne et Espivent est en fuite. Une commission départementale hétéroclite prend la place du préfet. Parmi les 12 membres se mêlent des Radicaux (Job et Étienne), des membres de l'Internationale (Alérini), de la Garde nationale (Bouchet, Cartoux), et trois délégués du Conseil municipal. L'insurrection victorieuse, Crémieux déclare du haut du balcon de l'Hôtel départemental, la solidarité de Marseille avec Paris et appelle la population à maintenir l'ordre.
Le 27 mars 1871, arrivent quatre délégués parisiens : Landeck, Amouroux, Albert May dit Séligman, et Méguy. Landeck se met à la tête de la Commission traitant tous les modérés en suspects. Arrêté, relâché, menacé, sans plus de pouvoir, Crémieux est tenté de démissionner à son tour. Des élections communales, afin d'instituer une nouvelle légalité, sont prévues pour le 6 avril. Le 28 mars, le général Espivent de la Villeboisnet, chef des troupes militaires du département, qui a fait refluer ses hommes hors les murs, à Aubagne, proclame - sans aucune base légale - les Bouches-du-Rhône en état de guerre et se déclare partisan du gouvernement d'Adolphe Thiers.
Alors que l’ordre est rétabli dans les autres villes qui se sont érigées en Communes : Lyon, Toulouse, Saint-Étienne, Limoges, Narbonne, les luttes internes atteignent leur comble à Marseille.
La commission départementale dissout le conseil municipal, les chefs des administrations désertent leurs postes.
Répression et bain de sang
Le 3 avril 1871, le général Espivent fait marcher 6 000 à 7 000 hommes contre Marseille. La lutte s'engage le lendemain. La gare résiste, mais les hommes d’Espivent parviennent jusqu'aux barricades de la rue Saint-Ferréol, visant la préfecture où sont retranchés les défenseurs de l'insurrection.
Crémieux tente de parlementer aux avant-postes de Castellane, deux bataillons du VIe chasseurs fraternisent avec la foule. Les « Garibaldiens (**)» qui défendent la gare opposent une sérieuse résistance aux troupes du général Espivent. Crémieux croit encore au triomphe de la commune. Certains soldats fraternisent avec les insurgés (nombre d'entre eux seront fusillés).
Espivent fait finalement bombarder la cité depuis la colline de Notre-Dame-de-la-Garde.
La préfecture tombe le 5 avril à 7 heures du matin, après dix heures de combats acharnés. Landeck s'est enfui à Paris, Bastellica est parti en Espagne, Royannez, Clovis Hugues, tous les principaux révolutionnaires de la Commune ont réussi à se faufiler loin des combats. Prises en étau entre les marins et les troupes de chasseurs, pilonnées par les canons postés sur la colline de la Garde, le port sous la domination de deux navires de guerre, la ville et la préfecture ne peuvent pas résister longtemps sans chef.
Les troupes d'Espivent subissent en tout 30 morts et 50 blessés, les insurgés comptent 150 morts environ (et plus de 500 prisonniers).
Gaston Crémieux refuse de s'enfuir. Il est arrêté le 8 avril 1871. Son procès commence le 12 juin devant le premier conseil de guerre avec celui des autres Marseillais, dirigeants locaux, le plus souvent modérés, Bouchet, Ducoin, Breton, Pélissier, Duclos, Novi, Nastorg, Hermet… Nombre d'entre eux seront acquittés. Mais l'accusation veut un exemple : le 28 juin les débats sont clos dans un procès militaire. Crémieux est le seul condamné à mort. Clovis Hugues est fait prisonnier quatre mois plus tard. La Cour de cassation confirme les jugements en appel, le 15 septembre 1871.
Crémieux est exécuté au Pharo le 30 novembre 1871, Clovis Hugues est condamné à quatre ans de cellule.
Le boulevard Gaston Crémieux (8e arrondissement), les allées Gambetta, le boulevard Garibaldi (1er arrondissement) ou encore la rue Clovis Hugues à Marseille et à Aix-en-Provence témoignent de l’attachement de notre territoire à ces hommes qui ont dédié leur vie à une grande cause. La reconnaissance fut parfois tardive, mais elle existe bel et bien.
* Du nom d’Auguste Blanqui (1805-1881) journaliste, révolutionnaire socialiste, emprisonné une grande partie de sa vie. Il est à l’origine de la création du journal Ni Dieu ni Maître. Ces mots sont devenus une référence pour les anarchistes, jusqu’à la période contemporaine.
** Du nom de Joseph Marie Garibaldi (1807-1882) général et patriote d’origine italienne. Révolutionnaire, il débarque en 1870 pour lutter contre la Prusse. Très populaire auprès des Français anticléricaux et républicains.
Source: Marseille.fr
Mais aussi pour aller au plus près de ces "Communards de Marseille" d'une façon différente !
Recommandé par un camarade à qui je fais entièrement confiance pour sa critique: "A lire absolument! dit-il "
Robert Rossi, leader du groupe de rock Quartier Nord mais aussi historien, vient de faire paraître un roman historique aux Editions Gaussen, Quand Marseille criait «vive Paris »