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Verser une pension minimale de 1 200 euros, soit 85% du Smic net, à toutes les petites retraites. C’est l’antidote social prodigué par le gouvernement pour faire passer la mauvaise pilule de la retraite à 64 ans avec 43 années de cotisation. C’est la grande promesse de « justice et de solidarité » répétée à tous crins par l’exécutif.
En substance, la mesure est séductrice, louable, voire salvatrice pour les 8,6% de retraités vivant sous le seuil de pauvreté. On n’aurait presque rien à redire si l’on ne s’attardait pas sur les critères d’éligibilité pour percevoir cette pension. L’entourage de la Première ministre assure que cette augmentation devrait concerner « environ 180 000 personnes qui partent à la retraite chaque année » et ceux déjà en retraite.
Mais de quoi parle-t-on ? D’une revalorisation à 1 200 euros pour « un salarié ayant eu une carrière complète rémunérée au niveau du salaire minimum », indique le projet de loi. Cette première condition exclut d’office toutes les personnes, les femmes en tête, aux carrières interrompues et précaires. Les prétendants, salariés ou indépendants, devront assurément justifier 43 annuités de cotisation.
Dans les faits, le texte prévoit de jouer sur le « minimum contributif », assurant un complément de retraite à ceux qui ont cotisé sur de faibles salaires. Actuellement, ledit « Mico » s’élève à 747 euros par mois maximum pour une personne justifiant une carrière complète. L’exécutif souhaite le rehausser de 100 euros, et compte sur les retraites complémentaires, comme l’Agirc-Arrco pour les salariés du privé, pour avoisiner les fameux 1 200 euros...
Élisabeth Borne a précisé que celles-ci seront revalorisées « à proportion de 100 euros » selon le nombre de trimestres cumulés. La logique du prorata, du travail méritant, prime sur celle d’offrir une dernière tranche de vie décente à tous. Dans sa mise en œuvre, la mesure risque également d’être un vrai casse-tête, notamment pour ceux affiliés à plusieurs régimes de retraites. Et les agents de la Caisse d’assurance-vieillesse (Cnav) vont devoir éplucher les dossiers des personnes déjà en retraite souhaitant une hausse. La promesse d’un joli micmac.
Au niveau des financements, l’exécutif prévoit un tour de passe-passe pernicieux : compenser les 0,1% d’augmentation des cotisations vieillesses en réduisant à proportion égale les cotisations de la branche accidents du travail-maladies professionnelles. Fragiliser une caisse pour financer une mesure qui in fine profitera à peu de retraités. Et puis 1 200 euros, c’est loin d’être le paradis. C’est nettement en dessous du revenu médian en France, aujourd’hui à 1 837 euros.
[Témoignages] Pour vous c’est quoi ?µ
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